Esssclusif : Sur Internet, on le connaît sous le nom de Jon Lajoie. Ses chansons absurdes et loufoques ont fait le tour du web, lui valant une horde de fans et une renommée internationale. Tenez, sur YouTube seulement, ses vidéos ont été visionnées plus de 9 millions de fois jusqu’à maintenant! Pendant ce temps, sur Funny or die, l’acteur et humoriste Will Ferrel a rangé l’une de ses chansons dans sa catégorie «Favorites»! C’est sans oublier que Jon Lajoie se retrouve souvent sur la première page de Break, ebaumsworld, College Humor et bien d’autres sites. Bref, le gars est «hot».
Mais ce qu’on sait moins, c’est que Jon Lajoie habite sur la Rive-Sud de Montréal et joue… dans l’Auberge du chien noir à Radio-Canada! Le comédien de 27 ans, dont le vrai nom est Jonathan Lajoie, a étudié le théâtre au Collège Dawson avant de décrocher le rôle de Thomas Edison dans le téléroman. Il y joue depuis les débuts de l’émission.
Il y a quelques mois, pour s’amuser, il commence à produire de courtes vidéos humoristiques qu’il tourne lui-même et met en ligne sur Internet. «Je faisais ça pour faire rire mes chums, pour niaiser, affirme Lajoie au téléphone. J’avais pas d’autres ambitions que ça.» D’ailleurs, ses premières vidéos ne font pas tellement d’adeptes, dépassant rarement les quelques centaines de visionnements. Et puis arrive High as Fuck, une ballade sur les effets secondaires de la drogue (vidéo ci-dessous).
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=i2spZ-NDfS4[/youtube]
«C’est vraiment là que ça a décollé, se rappelle Johnatan. J’avais la chienne en mettant la vidéo en ligne, je ne savais pas quel serait l’accueil. Mais les gens l’ont vraiment adorée. Et elle s’est propagée rapidement.»
Les vidéos suivantes ont été encore plus populaires : 2 girls VS 1 cup song a été visionnée 1 million 700 mille fois sur YouTube, Everyday Normal Guy (un rap tordant) deux millions de fois! Tellement populaire qu’Hollywood lui fait maintenant les yeux doux! Au moment de mon appel lundi, Jonathan rentrait d’un voyage à Los Angeles. Pendant une semaine, il a multiplié les auditions pour des sitcoms et a été invité dans trois des cinq principales agences d’artistes d’Hollywood. Il a aussi trouvé un gérant qui le représente dorénavant aux États-Unis.
«C’est fou! On me reconnaissait dans la rue, s’exclame le comédien. Je ne réalisais pas que mes vidéos avaient créé un tel buzz. Imagine, la majorité des artistes qui vont à Hollywood doivent faire des pieds et des mains pour attirer l’attention des agents. Moi, on m’a invité! Et en plus, j’ai le choix!!!»
Jonathan Lajoie se donne la semaine pour réfléchir aux propositions qu’on lui a faites. Il songe aussi à louer un appartement à Los Angeles. Une chose est certaine, il entend bien profiter de son succès sur Internet pour se faire une place là-bas.
Pas mal pour un gars qui s’amusait seulement à faire le niaiseux avec sa caméra vidéo…
Analyse: Comme l’écrit si bien Geneviève Lefebvre dans le Journal de Montréal aujourd’hui, si la télévision est un médium froid, dixit McLuhan, le web, lui, est un médium chaud, immédiat et créatif. Jonathan Lajoie n’a pas attendu les subventions, ni l’aval d’un quelconque directeur des programmes pour faire ses clips. Il en a eu l’idée, les a tournés lui-même et hop, les a mis en ligne. Pas de niaisage, pas de consultation à ne plus finir, pas d’interminables réunions de produit. Il n’y a dorénavant plus de frontière entre le créateur et le public. Il suffit d’avoir un bon flash et une bonne compréhension du fonctionnement du web 2.0 (et Dieu sait que Jon Lajoie est un petit vite à cet égard) pour espérer se faire remarquer. Pendant des mois, Lajoie n’a pas fait un sou avec ses clips malgré toutes les heures qu’il a mis à les écrire, les tourner, les monter et les semer à tous vents sur le net. Mais combien vous pensez que son «hobby» va lui rapporter à partir de maintenant? Priceless…
René Descartes a un jour dit : je pense donc je suis.
Aujoud’hui, j’ai plutôt tendance à croire qu’il faudrait changer ça pour : je tourne donc je suis!
Merci à Alexis Cornellier qui m’a mis sur la piste.