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Un monde sans fumée

13 janvier 2009

unmondesansfumee

Depuis mes débuts à la télévision il y a maintenant 15 ans, je suis rarement sorti de ma zone de confort. Autant ce métier me passionne, autant il me fout encore les jetons. Mettre ma face devant une caméra n’a jamais été un geste naturel. Faire des stand-ups en fin de reportage, du direct aux nouvelles ou encore des présentations légères et scriptées à Vlog et aux Bloopers, c’est mon territoire. Ma zone de jeu. Je m’y sens relativement bien, même si j’ai encore le trac avant chaque émission.

En décembre dernier, à la demande des organisateurs de la campagne Un monde sans fumée, j’ai exploré une zone où je n’étais jamais encore allé : l’émotion pure. L’expérience la plus terrifiante et satisfaisante de ma carrière.

J’arrive donc sur les lieux de tournage, dans un loft d’Outremont. La commande est simple : faire un témoignage à un être cher sur le thème de la cigarette. J’ai déjà décidé de m’adresser à ma blonde, Annie, afin de la remercier de m’avoir aidé à me débarrasser de cette saloperie il y a 8 ans. Alors que je pense le faire de façon naturelle, sans trop de fla-fla, dans ma zone de confort, j’entends la présentation de la comédienne qui me précède. Je commence à trembler. Son témoignage est poignant, bouleversant, elle termine la prise, le trémolo dans la voix, les yeux dans l’eau. L’équipe l’applaudit. Je suis pris d’une crise de panique.

Merde. Dans quoi je viens de m’embarquer. Je n’arriverai jamais à faire ça!

Janette Bertrand m’entraîne alors dans un coin. C’est elle qui est chargée de « coacher » les participants avant le tournage. Elle me parle doucement, gentiment, elle me sécurise, me guide. Je respire déjà un peu mieux.

-Tu vas faire comme si tu étais dans ton lit, avec ta blonde. Vous lisez. Et puis tout à coup, tu te retournes vers elle et tu la remercies le plus naturellement possible. C’est presque un chuchotement.

-Oui mais, j’ai jamais fait ça.

-Fais-moi confiance.

Comme si j’avais le choix!

Sur le plateau de tournage, je recommence à trembler. Je n’ai jamais travaillé avec une équipe si nombreuse. Y a du monde partout, des caméras comme je n’en ai jamais vu, plein d’éclairages. C’est du sérieux. Ma première pub. Re-glurp.

Je m’installe dans les marches, à ma position, Janette en face de moi, en dehors du cadre. Elle me parle sans cesse, me rassure, m’interdit de paniquer. Je connais la technique, je l’ai maintes fois utilisée lors de mes entrevues à la télé. Il ne faut pas laisser la personne timide trop penser avant de mettre le kodak en marche. Sinon, elle gèle.

Janette Bertrand me demande de fermer les yeux. De respirer profondément. D’imaginer mon lit, ma blonde. Et là, par je ne sais trop quel miracle, l’angoisse se tasse, mon coeur se remet à battre normalement, le tumulte dans ma tête s’estompe.

Tout à coup, je suis ailleurs. Je me sens bien. J’ouvre les yeux, je fixe la lentille, la photo de ma blonde est en transparence devant la caméra. Je la regarde fixement, Janette me dit d’y aller. Les mots sortent de ma bouche sans même que j’en sois conscient. Comme si quelqu’un d’autre parlait à ma place. Une prise. Deux prises. Trois prises. La dernière est la bonne. L’équipe semble ravie.

Assis sur ma marche, j’ai les yeux pleins d’eau, le coeur dans la gorge. Qu’est-ce qui vient de se passer! Janette me sourit tendrement. Elle en a vu d’autres. Elle, elle sait. Elle sait que pour la première fois de ma vie, j’ai été totalement authentique devant la caméra, dans tout ce que ça a de vulnérable et de bouleversant. Il m’a fallu voir la pub cette semaine pour le comprendre. Elle est ici.

Bizarrement, j’éprouve une sorte de malaise à la regarder à la télévision. C’est comme si j’étais nu et sans défense. Mais la cause en valait la peine. En espérant que ce message et tous les autres (celui de ma collègue Marie-Claude Savard qui a perdu son père dernièrement est particulièrement remuant) arrivent à motiver ceux et celles qui veulent arrêter de fumer.

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  1. 15 ans  

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